La nouvelle insertion de l’agriculture urbaine dans la fabrication de la ville

Abstract

L’agriculture urbaine (AU) a été incorporée au processus de fabrication de la ville. Dans le cas de certains écoquartiers, les promoteurs ont autorisé des associations, des startups et autres initiatives d’économie solidaire à occuper partiellement les lieux pendant la réalisation des travaux. Dans ce cadre, des initiatives éphémères d’AU sont fréquentes à Paris, donnant une nouvelle signification économique et d’usage des chantiers. Le présent article aborde ce thème, qui découle d’une étude réalisée entre 2018 et 2021 sur le Grand Paris, où l’AU s’est intégrée en tant que modèle d’aménagements paysagers comestibles, de potager pédagogique ou encore de ferme urbaine. Dans cet « urbanisme transitoire », la consommation de l’espace assure une utilisation continue du tissu urbain. Ces projets d’écoquartiers sont eux aussi sujets à des changements et des improvisations grâce à une grande diversité de pratiques et d’initiatives qui s’adaptent aux transformations spatiales, selon le rythme des travaux, et peuvent être intégrées de façon permanente aux futurs écoquartiers. En ce qui concerne les procédures méthodologiques, cette étude est qualitative, appuyée sur des travaux et des observations systématiques de terrain, la participation aux événements réalisés par les initiatives suivies, ainsi qu’une révision bibliographique incluant l’analyse documentaire des projets étudiés. Les résultats obtenus, quant à eux, indiquent que les occupations temporaires deviennent incubatrices de nouvelles initiatives d’AU et encouragent l’émergence d’associations et d’entreprises, en leur permettant un premier contact avec le public et un premier test quant aux services qu’elles se proposent de fournir. En complément, l’AU s’insère également dans un nouvel esprit d’urbanisme qui réserve sa place à différents types de pratiques agricoles en zones urbaines sur le long terme, réunissant différents acteurs tels les aménageurs, associations, startups, habitants et pouvoirs publics, caractérisant ainsi ce qu’on appellera un hybridisme des pratiques d’AU.

Urban agriculture (UA) is being incorporated into the process of production of the city. In certain eco-districts, developers allow associations, startups and solidarity economy initiatives to partially occupy the site during the construction phase. In this context, ephemeral UA initiatives are recurring in Paris, awarding construction sites new signification, both economy- and usage-wise. This article addresses this theme following research conducted between 2018 and 2021 in Greater Paris, where UA has integrated as a model of edible landscaping, educational vegetable gardening or urban farming. In this “temporary use” areas, the consumption of space ensures the continued use of the urban tissue while these eco-districts are also subject to changes and improvisations thanks to a broader variety of practices and initiatives that adapt to spatial changes according to the pace of the construction works and can become permanently integral to the future eco-districts. Qualitative in nature, the research relied on fieldwork, systematic field observation, participation in events held within the initiatives being studied, and bibliographic review, including the analysis of documents of the projects investigated. The findings indicate that temporary occupations become incubators for new UA initiatives and stimulate the emergence of associations and companies, allowing them a first contact with the public and a first opportunity to test their services. Moreover, UA also integrates into a new urbanism that anticipates the presence of different kinds of agricultural practices in urban areas in the long term, bringing together various players, such as developers, associations, startups, dwellers and public sector, thus creating what we identify as a hybrid mix of UA practices.